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Figure #1

— Chronique d’un temps de résidence par Magali Milian et Romuald Luydlin, chorégraphes — 

 

EMPIRE s’inscrit dans la durée en dépliant peu à peu ses étapes et ses contextes de travail. Sur le territoire Ariégeois, dans l’incongruité joyeuse d'une salle des fêtes et la concentration ritualisée d'un dojo, nous avons créé les premiers outils chorégraphiques répondant à nos intuitions de départ.

D'abord, chercher ce qui nous relie, danseurs, musicien, imaginaires, intuitions et désirs… La pulse s’impose alors pour un début ; la maintenir, noter sa condition, sa fonction, sa nature et observer la joie paradoxale que cette pulse sous tend, livre et réclame. Puis aux côtés de deux judokas (Serge et Guillaume Bertrand), nous avons échangé, pratiqué, multiplié les zones de contacts, activé les relations depuis leur propre vocabulaire que nous avons traversé avec nos outils de danseurs : par le décentrage, la spirale, le contretemps, générant alors l'organisation d'un groupe par sa tension ou alors son éclatement. 

Nous avons pu confronter en fin de résidence nos différentes expériences à un corpus de textes en forme de carte, réalisée par Laurie Bellanca faisant apparaître les premières articulations du projet : héritages, failles, trames souterraines et désirs d’élévation, contorsions ou considérations, structure et détournement, emprise et émancipation… associant les textes de Louisa Yousfi, Donna Haraway, Déborah Cohen, Marie-Josée Mondzain ou encore Camille Louis à ceux d’Hervé Mazurel et d’Estelle Zhong (premières inspirations du projet), la géographie de cette carte dresse un premier état des lieux de notre recherche naissante.  Décentrer nos usages d'invention et d’écriture en partant à la rencontre d’autres lieux et d’autres pratiques que celles que nous occupons habituellement est pour nous partie prenante du projet. Déplacer nos habitudes de regard, nos habitudes de faire et se saisir de ce qui nous saisit : renouer avec les proximités géographiques et nos curiosités physiques. C'est aussi se relancer afin de pouvoir impliquer les futurs spectateurs, collaborateurs, complices et voisins dans notre démarche. Habiter le cœur des questions que nous posent cette intuition de création :  Peut-on regarder un empire depuis sa chute, alors que celle-ci n'est peut-être pas tout à fait terminée ? Peut-on déjouer des autorités et des héritages logés en nous ?  Comment arpenter leurs territoires, leurs contours, leurs pulses ? Il apparaît que "s'extraire d'un ensemble comme chercher la règle qui permettra d'établir cet ensemble demeurent deux projets actifs mettant en perspective tant leur désir que leur avidité". Se saisir alors de quelques brèches, de certains retards, étirements, inadéquations et sur ces malentendus lancer de nouvelles hypothèses !! Ces 3 semaines de résidence étaient consistantes, ruisselantes et joyeuses, nous préparons avec soin les prochaines !!!

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